mercredi 27 décembre 2017

Mon bilan ciné de l'année 2017

En 2017, j'ai vu 131 films au cinéma... L'heure du bilan est arrivée ! J'ai renoncé cette année à faire un top 10. D'une part parce qu'il m'a été impossible de ne retenir que 10 films, et d'autre part parce qu'il me paraît artificiel d'établir un classement...

Deux films, tout de même, se détachent. Ce sont mes deux films de l'année. Je n'ai pas pu les départager : très différents, ce sont ceux qui m'ont le plus profondément marqué. Ensuite, une douzaine d'autres films me paraissent incontournables, ce sont mes "coups de coeur" de l'année. Et puis j'ai ajouté une catégorie "mentions spéciales" pour des films que j'ai aimé et qui sont sortis de façon confidentielle, ou ont été boudés par les spectateurs et/ou descendus par la critique.

Voici donc mon palmarès cinéma de 2017, en commençant par mes deux films de l'année :

Mes deux films de l'année : Lalaland et Silence

Lalaland (de Damien Chazelle)
Une comédie musicale enthousiasmante, mais aussi un film moderne, euphorisant et drôle, romantique et nostalgique, onirique... Réalisé par le surdoué Damien Chazelle, avec une Emma Stone éblouissante et la musique de Justin Hurwitz. Un vrai bonheur !
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Silence (de Martin Scorsese)
Une fresque sobre et dense sur le doute et la foi. Un projet que Scorsese portait depuis 30 ans et ça se sent. Le ton est contemplatif, introspectif, avec une forte présence d'une voix off. Peu de musique, mais une bande son très subtile où les bruits paisibles de la nature se mêlent aux gémissements des martyrs. Sublime.
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Mes coups de coeur (par ordre alphabétique)

A Ghost Story (de David Lowery)
Un film assez minimaliste et très original. Une fable poétique et vertigineuse sur la vie, la mort, le temps, l'oubli... Un chef d'oeuvre tout simplement envoûtant ! Lire ma critique

Au revoir là-haut (D'Albert Dupontel)
Dupontel, moins déjanté qu'à l'habitude, nous entraîne dans un film généreux, populaire dans le bon sens du terme, intelligent, et s'approprie brillamment le livre, prix Goncourt, de Pierre Lemaître. Lire ma critique

Baby Driver (d'Edgar Wright)
Edgar Wright invente le film de gangsters Rock'n Roll ! C'est brutal, décapant et jouissif ! Avec une bande son hyper cool et des scènes d'action fun et violentes, au rythme de la musique ! Lire ma critique

Blade Runner 2049 (de Denis Villeneuve)
Réaliser un suite à un film culte comme Blade Runner était un pari très risqué. Denis Villeneuve le relève haut la main. Le film est hypnotique et visuellement somptueux ! Lire ma critique

Detroit (de Kathryn Bigelow)
Rarement l'appellation "film coup de poing" aura été aussi justifiée. Virtuose sur la forme, fort sur le fond. Un film indispensable.
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Dunkerque (de Christopher Nolan)
Un grand film de guerre. Au coeur de l'action, avec une tension suffocante, sur la plage, en mer, dans les airs, partout ! Magistral. Lire ma critique

Get Out (de Jordan Peele)
Une satire sociale acide qui utilise, avec brio, les codes du film d'horreur, pour s'attaquer au racisme "ordinaire". Lire ma critique

Les figures de l'ombre (de Theodore Melfi)
Sur fond de conquête spatiale, un bel hommage féministe et antiraciste à des combattantes de l'ombre. Avec un trio d'actrices pétillantes. Lire ma critique

Quelques minutes après minuit (de Juan Antonio Bayona)
Une magnifique fable philosophique aux accents fantastiques. Un film onirique, baroque, émouvant. Lire ma critique

Star Wars - Les derniers Jedi (de Rian Johnson)
Epique, spectaculaire, plein de rebondissements, de l'émotion, un final grandiose. Bref, un spectacle total ! Le meilleur épisode de la saga depuis l'Empire contre-attaque. Lire ma critique

The Square (de Ruben Ostlund)
Charge féroce contre une société individualiste et bien pensante, le film est formellement virtuose, au service d'une fable drôle, absurde, cynique, caustique, parfois jusqu'au malaise. Lire ma critique

Wind River (de Tyler Sheridan)
Véritable western contemporain, le film est un thriller choc, aux images glaciales superbes et à la tension parfaitement entretenue. Lire ma critique





Mes mentions spéciales (par ordre alphabétique) :

Demain et tous les autres jours (de Noémie Lvovsky)
Un film singulier, à la fois onirique, doucement fantasque, intime, triste. Avec un épilogue bouleversant. A découvrir ! Lire ma critique

Good Time (des frères Safdi)
Un thriller noir, assez désespéré, mais qui offre un expérience cinématographique étonnante. Un véritable trip sous acide, hallucinant. Lire ma critique

Grand froid (de Gérard Pautonnier)
Sous des faux airs de film des frères Coen, c'est tout simplement un petit bijou d'humour noir, formidablement dialogué, qui n'a malheureusement pas trouvé son public. Lire ma critique

I am not Madame Bovary (de Feng Xiaogeng)
Ce film chinois, certes un peu long, est une fable caustique d'une beauté formelle incroyable : chaque plan est une véritable miniature. Lire ma critique

It comes at Night (de Trey Edxard Shults)
Excellent thriller paranoïaque, dans un contexte post-apocalyptique. Une fable crépusculaire sur la peur de l'autre, le repli sur soi. Très actuel ! Lire ma critique

Mise à mort du cerf sacré (de Yorgos Lanthimos)
Un film virtuose mais noir, très noir, et radical, au scénario jusqu'au-boutiste, cruellement cynique sur la nature humaine, la famille. Lire ma critique

Mother (de Darren Aronofsky)
Oui, le film est excessif, parfois grandiloquent, et provoque un trouble indéniable... mais quelle expérience visuelle d'une intensité rare ! Lire ma critique

Suburbicon (de Georges Clooney)
Je n'ai pas compris les réserves émises par la plupart des critiques. Cette comédie grinçante qui se termine en jeu de massacre est un vrai bonheur. Lire ma critique

Song to Song (de Terrence Malick)
Une histoire d'amour métaphysique et sensuelle... avec les images sublimes et aériennes de Terrence Malick ! Lire ma critique

The Wall (de Doug Liman)
Un film de guerre minimaliste et tendu, véritable huis-clos en plein air, qui opère une déconstruction en règle du mythe du héros. Lire ma critique

mardi 26 décembre 2017

The Florida Project : une magnifique chronique sociale à hauteur d'enfants

Dans un motel en Floride, non loin de Disney World, Bobby (Willem Dafoe, excellent), le gérant, s'efforce de gérer avec humanité la population précaire qui y vit tant bien que mal. Parmi cette population, il y a Moonee, une petite fille de 6 ans au caractère bien trempé, qui vit avec sa jeune mère, instable, qui tente de s'en sortir avec des combines pas très légales. Pendant la journée, avec sa bande de gamins, Moonee fait les 400 coups !

The Florida Project est une magnifique chronique sociale à hauteur d'enfants. Le film est plein d'énergie et de vie grâce à ces enfants turbulents et espiègles, mais le propos est aussi désenchanté : les enfants semblent s'en sortir grâce à leur innocence... mais le monde des adultes, avec ses violences et ses hypocrisies, les menace. A cet égard, la fin du film est géniale et lourde de sens pour ces enfants dont le seul recours semble être l'imaginaire... et le "merveilleux monde de Disney" ! Cruel.

Le casting, pour beaucoup constitué de comédiens amateurs, est excellent. A commencer par les enfants ! La petite Brooklynn Prince, dans le rôle de Moonee, est même exceptionnelle !

The Florida Project est un film où on rit beaucoup avec les enfants..  mais où on finit aussi par pleurer avec eux.

A Ghost Story : une fable poétique et vertigineuse

Après sa mort, un homme devient un fantôme et revient dans la maison où il vivait avec sa femme. Et il l'observe... mais il se rend compte que désormais le temps ne se déroule pas pour lui comme lors de son vivant.

A Ghost Story est un film assez minimaliste et très original. C'est une fable poétique et vertigineuse sur la vie, la mort, le temps, l'oubli... Un chef d'oeuvre tout simplement envoûtant !

Contemplative, la caméra de David Lowery filme le quotidien d'un couple de façon intimiste. L'écran est en 4/3, un format resserré qui donne l'impression au spectateur d'observer par une fenêtre ou le trou d'une serrure... D'ailleurs, tout au long du film, le travail sur l'image est remarquable, plein d'inventivité. Il y a des plans d'une beauté, d'une poésie, d'une force incroyables. Et puis il y a ce fantôme omniprésent... et invisible aux yeux des protagonistes, avec l'idée géniale de le représenter sous un simple drap blanc, avec juste deux trous pour les yeux. Et ça fonctionne au-delà de ce qu'on peut imaginer ! Ca n'est jamais ridicule, toujours poétique. Fascinant.

Les scènes où le fantôme observe en silence sa femme sont extrêmement touchantes, autour de l'absence et du deuil. Et puis le film prend petit à petit une nouvelle dimension, philosophique, pour évoquer le temps, le souvenir, l'oubli... et pour finir de façon assez vertigineuse.

Le film a très peu de dialogue. Une seule fois, le film devient bavard, au cours d'une fête où un homme se lance dans un long discours, assez grandiloquent, qui contraste avec le reste de l'histoire. Mais l'essentiel se déroule dans le silence. Du coup, la musique est très présente tout au long du film. La bande originale, signé par Daniel Hart, est d'ailleurs excellente.

Il faut aussi souligner la formidable prestation de Rooney Mara (comme d'habitude...) qui fait passer tant de choses simplement en mangeant avec rage une tarte, sous le regard invisible de son fantôme de mari, dans un des plans séquences les plus incroyables de l'année !

A Ghost Story est, pour son originalité, sa poésie et sa profondeur, un de mes coups de coeur de l'année !

La promesses de l'aube : une adaptation sans âme

Le film est une adaptation du roman autobiographique de Romain Gary, son enfance en Pologne, son adolescence à Nice, ses exploits d'aviateur en Afrique pendant la Deuxième Guerre mondiale... et surtout l'influence de sa mère omniprésente et envahissante.

Ca aurait pu faire un grand film épique... mais les épisodes s'enchaînent et le film manque cruellement de souffle. La réalisation est certes soignée, et classique, mais sans âme. Et les quelques décrochages dans le récit avec un Romain Gary plus âgé, outre le fait que Pierre Niney n'y est pas crédible, n'apporte rien au film...

Heureusement qu'il y a Charlotte Gainsbourg, remarquable dans le rôle de cette mère possessive et étouffante, parlant tantôt en polonais tantôt en français avec un accent russe.

lundi 18 décembre 2017

Lucky : un portrait attachant aux accents existentiels

Lucky est un vieux cow-boy solitaire, un peu bougon et qui se rebelle un peu contre tout. Il vit dans une petite ville perdue au milieu du désert. Ses journées sont faites de ses exercices du matin, ses mots-croisés, parfois devant des jeux télévisés, et surtout ses déambulations dans la ville et ses rencontres quotidiennes, à l'épicerie, au café, au bar...

Le film, lent, au rythme d'une ballade country, offre un portrait attachant d'un vieil homme qui arrive au terme de sa vie, qui ne croit pas à l'existence de l'âme mais s'interroge à sa façon sur le sens de la vie. Le film, lui, a une âme. A travers ses personnages, leurs liens et leur amitié, et surtout à travers son personnage central, incarné par Harry Dean Stanton, acteur fétiche de David Lynch (lui-même présent au casting !) et dont c'était le dernier rôle au cinéma, à 90 ans. A cet égard, c'est aussi un film hommage...

Un bien joli film.

Le crime de l'Orient-Express : honnête, sans plus

Cette nouvelle adaptation d'un des romans les plus célèbres d'Agatha Christie est honnête... mais sans plus. Ceux qui ne connaissent pas le dénouement prendront sans doute plaisir à démêler l'intrigue à tiroirs. Pour les autres, évidemment, le fait de savoir qui est coupable ôte une partie non négligeable du plaisir.

Pourtant le casting offre une belle brochette d'acteurs... mais qui tous sont sans grand relief.  Kenneth Branagh, en réalisateur-acteur, se donne le plus beau rôle et attire toute la lumière sur son personnage. Et puis il y a toujours le problème des acteurs anglophones qui jouent le rôle d'un personnage francophone et parlent français... ce n'est vraiment pas crédible aux oreilles des francophones !

mercredi 13 décembre 2017

Star Wars - Les derniers Jedi : un spectacle total !

Il n'y a pas à dire, ça me fait toujours le même effet... Quand je vois apparaître sur l'écran "il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine", puis en gros caractère "Star Wars" avec la musique de John Williams, et puis le texte d"introduction qui défile, je kiffe !

Si je n'avais pas boudé mon plaisir pour le retour de Star Wars avec l'épisode 7, je suis carrément emballé par cet épisode 8 ! Le film est épique (un vrai film de guerre), spectaculaire (la scène du vaisseau bélier en vitesse lumière est proprement ahurissante !), fun (avec un bon calibrage de l'humour), plein de rebondissements, de l'émotion, un final grandiose. Bref, un spectacle total !

Le film s'intègre parfaitement dans la mythologie Star Wars. On y retrouve tous les ingrédients, avec son bestiaire intergalactique foisonnant, ses mondes étonnants, ses personnages archétypaux... et puis la Force, évidemment (et la musique de John Williams !).

Cet épisode 8 est bien le pendant de l'Empire contre-attaque, les références sont nombreuses et sautent aux yeux des fans, mais sans pour autant que ce soit un copier-coller, loin de là (un des principaux reproches qui étaient faits à l'épisode 7). Et le scénario nous réserve même quelques jolies surprises (rien, je ne dirai rien !).

Et puis on retrouve avec plaisir, et émotion, les héros historiques de la saga. Les adieux à Carrie Fisher sont très émouvants (mais pas du tout larmoyants !). Et surtout il y a le vrai retour de Luke Skywalker : un des personnages centraux de l'épisode 8, avec un Mark Hamill en tout point excellent. Et petit à petit, le passage de flambeau continue à se faire avec la nouvelle génération. Rey et Kylo Ren prennent de l'épaisseur et deviennent des personnages de plus en plus intéressants.

Franchement, il est permis de se demander si cet épisode 8 n'est pas le meilleur de la saga depuis le fameux épisode 5 (l'Empire contre-attaque)... En tout cas, JJ Abrams a maintenant la pression pour l'épisode 9 qu'il réalisera : Rian Johnson a placé la barre haute ! Mais la bonne nouvelle, c'est que le réalisateur des derniers Jedi a été engagé pour réaliser la nouvelle trilogie, après celle qui est en cours. On n'a pas fini de visiter une certaine galaxie lointaine, et c'est tant mieux !

lundi 11 décembre 2017

Les gardiennes : un beau film dépouillé à la photo sublime

En 1915, à la ferme du Paridier, ce sont les femmes qui font tourner l'affaire familiale pendant que les hommes sont sur le front. Le travail est dur et Hortense finit par engager Francine, une jeune fille issue de l'assistance publique, pour les aider.

Les Gardiennes est un film dépouillé qui évoque la Grande Guerre en rendant hommage aux femmes, restées à l'arrière. Alors que les hommes font la guerre, les femmes doivent faire tourner les affaires familiales, toujours dans l'attente de nouvelles et dans la crainte de ne jamais revoir leur fils ou leur mari. Le film prend son temps pour évoquer le dur labeur aux champs, la vie rude dans la campagne au début du XXe siècle, mais aussi pour magnifier les visages, dans l'innocence de l'enfance ou burinés par le temps. Le tout grâce à une photographie sublime de Caroline Champetier : certains plans sont dignes de grands maîtres de la peinture, il y a du Millet dans la scènes champêtres, du De la Tour dans les scènes intérieures, du Turner pour certains paysages... A noter également la belle musique originale signée Michel Legrand !

Et puis il y a un trio d'actrices magnifiques. La jeune Iris Bry est une belle découverte à suivre, Laura Smet apparaît pour la première fois à l'écran avec sa mère, Nathalie Baye, qui est une fois de plus époustouflante.

Vraiment un beau film.

Santa et Cie : un conte de Noël familial avec de l'humour de les Nuls dedans !

Quelques jours à peine avant Noël, tous les lutins du père Noël tombent soudainement malade en même temps. C'est la catastrophe : comment fabriquer les jouets et les emballer à temps pour les livrer à Noël ? Une seule solution, trouver au plus vite de quoi les soigner : il faut de la vitamines C pour 92000 lutins ! Mais ça ne se révélera pas aussi simple que ça... parmi les humains, il ne suffit de demander pour avoir immédiatement ce qu'on veut, et les gens ont du mal à croire que cet homme barbu est vraiment le père Noël ! Et puis, le père Noël se révèle être un grand enfant... naïf, impatient (il demande toutes les 30 econdes : "on y va ?"). Qui plus est, il croit connaître les enfants, mais il ne les connaît que par les lettres qu'ils lui envoient et comme des petits anges paisibles qui dorment dans la nuit de Noël... La réalité est toute autre !

Santa et Cie est un conte de Noël, familiale et loufoque, avec de l'humour de les Nuls dedans. C'est du pur Chabat, pour petits et grands. Les adultes aussi y trouvent leur compte (en particulier les fans de les Nuls, qui seront à l'affût des références qui jalonnent le film). Les dialogues sont drôles, avec le détournement d'expressions, des clins d'oeil réjouissants, de jolies idées dans la mise en scène (en particulier la fabrique de jouets du père Noël !), on croise plusieurs "guests" au cours de l'histoire et on a même droit à une petite scène post-générique (restez jusqu'au bout !). Et tout se terminera bien, évidemment ! Ne boudez pas votre plaisir...

mercredi 6 décembre 2017

Suburbicon : une comédie satirique qui se termine en jeu de massacre jouissif

Le film commence avec une vraie fausse pub pour Suburbicon, petite ville résidentielle parfaite et paisible, le rêve américain incarné. Au début, c'est une comédie satirique sur l'American Way of Life dans les années 50 d'une famille parfaite : Gardner Lodge, son épouse Rose et leur fils Nick sont beaux, ils s'aiment et ont une belle maison...

Et puis l'arrivée d'une famille noire (du jamais vu à Suburbicon !) va faire ressortir les pires instincts racistes de la population. En parallèle, le drame fait irruption dans la famille de Gardner Lodge (je vous laisse le découvrir...). Alors le film devient cynique. Puis, il tourne au véritable jeu de massacre... alors que la haine raciste gagne encore en ampleur dans la petite ville de Suburbicon. Et le film finit par faire éclater en mille morceaux, tachés de sang, un certain rêve américain. C'est noir... et jouissif !

Le scénario est signé des frères Coen : pas de doute, on retrouve bien leur humour noir si caractéristique dans le film. Il y a des accents hitchcockiens dans Suburbicon, dans l'histoire, la réalisation et l'excellente musique d'Alexandre Desplats, qui fait penser parfois à du Bernard Herrmann. Le casting est impeccable : Matt Damon (étonnant à contre-emploi !), Julian Moore (en parfaite housewife... enfin presque !), l'excellent Oscar Isaac (dans un petit rôle savoureux).

Alors bien-sûr il y a un déséquilibre entre les deux fils narratifs au détriment de la famille noire américaine... Leur histoire offre plus un cadre qu'une partie très étoffée de l'intrigue. Mais si on l'enlève, le film perd de sa portée symbolique. Et la dernière image offre une belle conclusion, qui indique une direction, envoie un message.

Je ne comprends pas vraiment les réserves exprimées par la plupart des critiques que j'ai lues. Moi, j'ai vraiment été conquis par le film de George Clooney. Pour moi, Suburbicon est incontestablement une des comédies américains de l'année !

mardi 5 décembre 2017

Coco : un joli divertissement familial, tendre et émouvant

Miguel est un petit garçon qui rêve de devenir musicien. Le problème est que dans sa famille, la musique est bannie, depuis que son arrière-arrière-grand-père a abandonné sa famille pour sa passion : la musique. Miguel, lui, veut accomplir son rêve, inspiré par son idole : Ernesto de la Cruz, le plus grand chanteur de l'histoire du Mexique. Un jour, dans des circonstances étonnantes, Miguel se retrouve au pays des Morts... et là il va apprendre la véritable histoire de sa famille !

Coco est une très jolie histoire pour petits et grands, qui parle de mémoire, de famille, de musique et de célébrité. Un film qui parle aussi de transmission familiale, sur fond de tradition populaire mexicaine.

L'animation est superbe, très colorée et inventive. C'est la qualité Pixar. L'histoire est pleine de tendresse et d'émotion (j'ai versé ma petite larme à la fin du film...) avec juste ce qu'il faut de touches d'humour. Vraiment un très joli divertissement familial.

lundi 4 décembre 2017

Plonger : un film immersif, déroutant mais intéressant

Le film raconte l'histoire d'un couple, celui de Paz, une photographe espagnole toujours en quête d'expérience et de voyages, et de César, un ex-grand reporter de guerre. Le couple vit un amour passionnel jusqu'à ce que Paz tombe enceinte. La perspective de l'arrivée inattendue de cet enfant va mettre le couple en péril, en particulier Paz qui se sent étouffer.

La première partie du film évoque ce couple gagné petit à petit par la crise. Le récit est elliptique et destructuré, la caméra est immersive, avec de superbes images. C'est un peu déroutant mais vraiment intéressant et très personnel. Dommage que la deuxième partie perde en grâce et en mystère, pour se terminer un peu à la manière du Grand Bleu où les dauphins sont remplacés par les requins...

Mais, ne serait-ce que pour sa première partie et sa réalisation très personnelle de Mélanie Laurent, ce film mérite l'attention.

Le brio : une jolie joute entre Daniel Auteuil et Camélia Jordana

Neïla vient de Créteil et s'est inscrite en droit à la grande faculté de Paris Assas. Elle arrive en retard le premier jour et est pris à parti par son professeur, réputé pour son cynisme et son sens de la provocation. Un nouveau dérapage qui finit par faire le buzz sur Internet. Poussé par le président de l'université, pour se racheter une conduite, il accepte finalement de préparer Neïla pour le concours d'éloquence.

Souvent drôle et vif dans la relation entre ce professeur et cette élève que tout semble séparer mais qui sont finalement très proches, le film vaut surtout pour le duo formidable formé par un Daniel Auteuil une nouvelle fois parfait et une Camélia Jordana qui démontre qu'elle est définitivement une très bonne actrice.

Mais le film revêt quand même parfois un côté un peu artificiel. Le concours d'éloquence l'est un peu quand même... mais du coup, ça déteint aussi sur d'autres scènes qui auraient mérité plus de simplicité (comme le conseil de discipline par exemple). Le film est aussi moins convaincant dans le registre de la romance entre Neïla et son petit ami. Mais ça reste un film plaisant qui permet une jolie joute entre les deux principaux acteurs.

La villa : beaucoup de nostalgie... et un peu d'ennui

Alors que leur père a fait une attaque, deux frères et une soeur se retrouvent dans la villa de leur enfance. Des retrouvailles qui sont l'occasion pour eux de revenir sur le passé et d'évoquer ce qu'ils ont gardé des idéaux que leur père a voulu leur transmettre.

La villa est une chronique familiale pleine de nostalgie, autour de l'équipe habituelle de Robert Guédiguian. Et Jean-Pierre Darroussin est toujours aussi excellent : ses réplique sont sans doute les meilleurs moments du film ! Pour le reste, je me suis quand même un peu ennuyé... Je n'ai pas vraiment accroché, surtout lorsqu'arrive cette histoire de migrants comme un cheveu sur la soupe, et avec la métaphore appuyée tout au long du film du train qui passe.

lundi 20 novembre 2017

Justice League : divertissant et spectaculaire

Bruce Wayne, alias Batman, demande l'aide de Diana Prince (Wonder Woman) pour rassembler une équipe de méta-humains, afin de faire face à un ennemi plus redoutable que jamais et sauver la planète de la destruction. Ils arrivent finalement a recruter Aquaman, Cyborg et Flash pour les aider... Mais est-ce que ce sera suffisant ?

Balayé par la critique française, Justice League ne mérite pas autant de haine ! Bien-sûr, il n'y a rien de révolutionnaire mais le film est spectaculaire, l'équipe de super-héros est quand même cool et l'humour n'est pas désagréable. Il ne faut pas s'attendre à autre chose qu'un simple divertissement... et là le film fait pleinement le Job. Et puis Justice League a un atout que les Avengers n'ont pas : Wonder Woman (c'est quand même autre chose que Black Widow...).

Franchement, j'ai bien aimé. Et je serai heureux de retrouver toute la bande dans un prochain film (surtout après la scène post-générique...).

Maryline : un portrait assez bouleversant, un hymne au théâtre

Maryline a grandi dans un petit village mais elle rêve de devenir actrice. Alors elle finit par monter à Paris... Fragile, elle manque d'assurance, et ce n'est pas facile pour elle de faire face à un monde sans pitié.

Maryline est un portrait assez bouleversant d'une jeune femme cabossée par la vie, qui trouve sa rédemption dans le théâtre. Pas facile quand on vient d'une petit village de Province de percer dans le cinéma... surtout quand on doit faire face aux humiliations de certains metteurs en scène. Alors elle cherche refuge dans l'alcool...

Mais deux rencontres vont changer sa vie. D'abord, sur un tournage, celle d'une actrice reconnue et bienveillante, incarnée avec une grâce infinie par Vanessa Paradis. Ensuite celle d'un auteur et metteur en scène de théâtre dont elle va intégrer la troupe et où elle va pouvoir s'épanouir.

Dans le rôle de Maryline, Adeline d'Hermy est éblouissante : la justesse et la variété de son jeu sont impressionnants. C'est une révélation ! Le regard que porte le réalisateur, Guillaume Gallienne, sur cette jeune femme est plein de tendresse et de bienveillance, dans un film où alterne mélodrame et comédie et dont il ressort une impression de grâce (jusque dans le chant de Léo Ferré interprété par Vanessa Paradis sur le générique de fin).

Diane a les épaules : une comédie intelligente qui donne à réfléchir

Diane est une jeune femme un peu fantasque qui accepte de porter l'enfant de Thomas et Jacques, ses amis les plus proches. De toute façon, elle ne veut pas d'enfant... alors si elle peut rendre service ! C'est alors qu'elle tombe amoureuse de Fabrizio, l'électricien qui fait des travaux dans sa maison...

Comédie intelligente et fine, Diane a les épaules est bien dans l'air du temps. Oui, le film adopte un point de vue plutôt bienveillant sur la GPA, mais le ton n'est pas militant, et c'est ce qui fait la force du film. L'histoire part d'une situation "idéale" (du moins pour la société occidentale d'aujourd'hui), sans marchandisation du corps puisque, en l'occurrence, la GPA est motivée par l'amitié. Mais le film montre que tout n'est pas si simple... pour la mère porteuse, pour le couple adoptant, pour l'entourage...

Sur le ton de la comédie, le film aborde certes la question de la GPA mais parle aussi plus globalement de parentalité, de la maternité, de l'amitié et de l'engagement dans le couple... Un film qui donne à réfléchir. Avec, au centre du film, une Clotilde Hesme étonnante de fantaisie et de sensibilité.

lundi 13 novembre 2017

Borg McEnroe : une reconstitution soigneuse

Le film se concentre sur le tournoi de Wimbledon en 1980, avec sa finale légendaire entre les deux rivaux que tout opposait : Borg et sa maîtrise glaciale, McEnroe et sa fougue colérique.

La reconstitution est soigneuse, y compris dans les scènes de matchs, assez réussies. Mais le film manque globalement de souffle et souffre d'un montage qui manque de clarté et de fluidité. C'est d'ailleurs plus un film sur Borg que sur McEnroe, soulignant au passage que les deux champions étaient bien plus proches dans leur personnalité que ce que l'on pourrait penser.

Sverrir Gudnasson est la révélation du film, très bon et incroyablement ressemblant dans le rôle de Borg. Shia LaBoeuf est beaucoup moins ressemblant, même s'il parvient assez bien à incarner le champion américain, notamment dans ses célèbres accès de colère.

Jalouse : une jolie comédie. Karin Viard excellente.

Nathalie, la cinquantaine, est professeure de lettres. Elle est divorcée et vit avec sa fille de 18 ans. Mais Nathalie ne va pas bien et elle bascule dans une jalousie maladive qui touche tout son entourage (sa fille, son ex-mari, ses amis, sa nouvelle collège, ses voisins...).

Jalouse est une jolie comédie, bien écrite, au ton doux-amer. Il n'y a rien de révolutionnaire dans la réalisation mais les dialogues, souvent grinçants, sont réussis. Même s'il n'y a pas vraiment de surprise dans l'histoire, le film contient quelques jolies scènes touchantes, notamment dans la dernière partie du film (à la piscine, au cimetière...).

Et puis, surtout, il y a Karin Viard, au centre du film, dans un rôle taillé pour elle. Et elle est parfaite. Elle arrive à rendre attachante cette femme odieuse rongée par la jalousie, en pleine crise de la cinquantaine.

Jalouse est vraiment une comédie réussie qui nous fait passer un bon moment.

A Beautiful Day : thriller sordide et démonstratif

Hanté par son passé (on comprend qu'il était enfant battu par son père, puis traumatisé par la guerre), Joe est complètement ravagé. Du coup il est devenu un tueur à gage sans pitié, qui tue avec son arme favorite : un marteau.

Le scénario tient sur un timbre poste (comment le film a-t-il pu avoir le prix du scénario à Cannes ?), l'histoire est sordide, on est même parfois à la limite de la complaisance. La réalisation et le montage se veulent virtuoses, genre film d'auteur... ça donne surtout un film démonstratif, aux effets trop appuyés. On est très loin du Taxi Driver du XXIe siècle comme certains le prétendent. J'ai plutôt pensé à Léon... mais un Léon un peu boursouflé, sans la tendresse présente dans le film de Luc Besson.

lundi 6 novembre 2017

Mise à mort du cerf sacré : un film assez perturbant

Steven est cardiologue. Il est marié à Anna, une ophtalmologue. Ils forment une famille parfaite avec leurs deux enfants, Kim et Bob. Steven a pris sous son aile un jeune garçon, Martin, qui s'immisce progressivement dans sa famille... On comprend finalement que le père de Martin est mort sur la table d'opération, et que le jeune garçon considère que Steven en est responsable. Un jour, Bob, le fils de Steven, ne sent plus ses jambes. Sans explication. Martin dit alors à Steven que puisqu'il a tué son père, il faut en échange qu'il tue un de ses deux enfants ou sa femme, sinon les trois mourront. Peu après, Kim, la fille de Steven, est atteinte des mêmes symptômes que son frère...

Mise à mort du cerf sacré est un film noir, très noir. Un film radical, au scénario jusqu'au-boutiste, cruellement cynique sur la nature humaine, la famille. Un film assez perturbant. C'est une sorte de thriller psychologique et horrifique, au rythme assez lent mais implacable. Soutenu par une bande originale anxiogène, le film est encadré par deux extraits d'œuvres sacrées qui lui donnent une dimension mystique (la notion de sacrifice...)

La mise en scène de Yorgos Lanthimos est assez virtuose, avec notamment des cadrages très travaillés et des travellings ingénieux. Le jeune Barry Keoghan est remarquable dans le rôle de Martin. Glaçant. Colin Farrell et Nicole Kidman sont impeccables.

Dans une sorte de métaphore macabre, le film parle du remord et de ses conséquences. Steven se sent obligé de compenser la mort du père de Martin en lui consacrant du temps, en l'emmenant sur son lieu de travail, en lui offrant des cadeaux, l'invitant à la maison pour lui présenter sa famille... Mais Martin devient exigeant, il débarque à l'improviste à l'hôpital, décide unilatéralement de rendez-vous, essaye de caser sa mère avec Steven... Et tout bascule dans l'horreur. Le remord tue... et cela devient littéral dans le film. Glaçant...

Numéro une : avis express

Emmanuelle Blachey a gravi les échelons de son entreprise. Un jour, un réseau de femmes d'influence lui propose de l'aider à devenir la première femme PDG d'une entreprise du CAC 40. Mais les obstacles seront nombreux dans les arcanes du pouvoir, dans des sphères largement dominées par les hommes.

Le film propose une plongée dans le monde impitoyable des très grandes entreprises, dans des arcanes du pouvoir largement dominés par les hommes. Aux jeux d'influence, réseautage et coups bas, une femme doit en plus faire place au machisme ambiant. Un film féministe... et utile. Emmanuel Devos y est, comme toujours, excellente !


Jeune femme : avis express

Chronique moderne d'une jeune femme instable mais attachante, le film vaut surtout pour la performance de son actrice principale, Laetitia Dosch. Présente pratiquement dans tous les plans, elle porte le film sur ses épaules avec une énergie communicative. Le film, lui, est agréable à suivre... mais sans plus.

lundi 30 octobre 2017

Logan Lucky : auto-parodie réjouissante d'un film de casse

Les frères Logan sont réputés pour n'être pas très futés. En plus on dit que ces deux éclopés (l'un boite et l'autre a perdu une main) portent la poisse. Mais ils décident de monter un casse et vont chercher l'aide de Joe Bang, le meilleur braqueur de coffre-fort. Sauf que ce dernier est en prison... Mais ils ont un plan !

Steven Soderbergh est connu pour ses films de casse (la série des Ocean's 11, 12, 13). Avec Logan Lucky, il s'auto-parodie avec un film de casse très réjouissant. C'est un peu Ocean's 11 chez les ploucs !

L'action se passe dans une Amérique profonde dont le réalisateur accentue les traits avec ironie, avec les bagnoles, la frime, les concours régionaux pour les enfants, un patriotisme dégoulinant... Et une galerie de personnages pas très fins ni futés (des voyous bras-cassés au directeur de prison malhonnête). Ceci dit, au fil du scénario (et en particulier dans son dénouement), on se rend compte que les ploucs ne le sont pas forcément autant qu'on le croit !

On a tous les ingrédients d'un film de casse : la préparation de l'opération, le recrutement de l'équipe, le casse lui-même avec ses imprévus, et les petits détails qui nous échappent et qui prennent tout leur sens à la fin, quand on comprend qu'on ne nous a pas tout montré (mais je n'en dirai pas plus). Alors bien-sûr, on est parfois à la limite de l'invraisemblable mais on s'en fiche un peu tant l'histoire est vraiment réjouissante.

Il faut bien-sûr mentionner l'excellent casting, à commencer par Channing Tatum et Adam Driver, qui sont deux frères éclopés complètement crédibles (il y a vraiment un air de ressemblance), et Daniel Craig, un peu à contre-emploi avec ses cheveux blonds platine.